Déménager, s’installer sur un voilier… une longue et fastidieuse expérience tant elle semble ne jamais se terminer…
Les voisins de ponton qui vous voient débarquer la fleur au fusil ont un petite sourire au coin des lèvres… Ils vous devancent de quelques jours ou quelques semaines et savent ce que nous allons endurer sans compter quatre mousses dans les pattes, dont un qui demande à manger toutes les 30 minutes en prétextant qu’il n’a pas déjeuné (faux évidemment…mais il ne s’en souvient pas) et qui souhaite boire toutes les 5 minutes!
La voiture est remplie, et il y a en encore deux pleines (à craquer), à charger/décharger au box de stockage… Un ponton entier en « équivalence ponton »…environ 25mx1,50m! sans compter les 4 surfs, trottinettes, Morey ou biscotte pour les intimes et le SUP!
Tout a été réfléchi pendant un an, livres, articles, jeux etc… minutieusement triés avec une place en perspective, mais de l’extérieur le « Tétris » semble impossible.
Le rendez-vous est donné à 14h00, nous y sommes à 12h00 pour commencer à remplir le ponton, mais quelques finitions sont toujours en cours, ce sera 16h00 alors… nous tournons comme des lions en cage, puis finalement 17h00, top départ! La tribu monte à bord, un rapide coup d’oeil, nous regardons les photos depuis un an… nous sommes dessus, il s’agit bien d’un NEEL 43!
Audrey commence à faire les lits avec les enfants, car ce sera la priorité de la soirée, cela permet aussi des les occuper, de les canaliser; « mais où est Soren? » sera la phrase prononcée 300 fois par jour même équipé d’un gilet de sauvetage H-24 dans les premiers jours… l’inquiétude étant le déclenchement du dit gilet!
On termine le premier déchargement et il faut repartir remplir la voiture, les allers-retours dureront pendant 48 heures jusqu’à près d’une heure du matin ponctuer de préparation de repas, d’enfants qui aident puis râlent, puis jouent, puis pleurent, et finalement dorment.
Tout est à bord, sur le pont, le roof ou encore sur le ponton. Il faut ranger une première fois, puis une seconde , voire même une troisième en l’espace d’une semaine afin que tout trouve sa place « finale » jusqu’à la prochaine fois…
Tout a une place ou presque, et il faudra s’en souvenir sous peine de devoir tout ressortir lorsqu’il nous manquera quelque chose! Quelques caisses plus tard, 25-30 en fait, tout est ordonné et donne l’impression d’organisation.
La difficulté outre l’espace c’est l’accessibilité, il faut parfois se contorsionner, ramper dans les pointes avant, s’agripper ou jouer l’équilibriste dans la cale moteur. Clairement, pas besoin d’exercices physiques durant cette période… ni de lectures d’ailleurs… une BD de tintin en 10 jours…un record! je m’endormais après trois échanges entre Haddock et Tintin pendant ce temps là Liv se refaisait tous les tomes Harry Potter retrouvés.
Finalement notre côté minimaliste l’aura emporté, nos voisins de ponton sont surpris, mais tous les objets, sacs, jeux, livres, surfs etc… sont rentrés. La question qui tiraille : qu’avez-vous laissé? et bien rien! tout ce qui était prévu est là caché, rangé dans l’antre du voilier.
L’envers du décor d’un aménagement, c’est aussi et en même temps, la prise en main du bateau:
– technique (moteur, batteries, coupes-circuits, panneaux solaires, chauffage, dessalinisateur…)
– électronique (traceur, pilote, VHF, iridium, routeur…)
– sous voiles avec skipper (mouillage, spi, manoeuvres…)
Avec en même temps les moussaillons qui cherchent leurs nouvelles marques, s’amarinent doucement et comprennent ou pas nos priorités (i.e manoeuvres de port sous 20nds… le bateau en crabe… merci à Marc et Katia (@d.ile.en.neel) de nous avoir aidé à s’amarrer!)
Finalement, nous avons aussi eu sur d’autre créneaux horaires des artisans, des techniciens venus effectuer des réglages, des finitions, des changements…vérifier des fuites, des oublis, des interrogations…. Vous l’aurez compris cette phase est intense, fatiguante. Les journées durèrent toutes plus de 24heures, mais nous voilà presque au bout, prêt à tester notre nouvelle maison flottante avant de larguer les amarres et sentir alors la fatigue des quarts, des navigations salées…